L'Année dernière à Marienbad

de Alain Resnais et Alain Robbe-Grillet

 

Il y avait un Resnais pour commencer, il y en a un autre pour terminer cet article, avec cette image (qui me fascine, d'où mon choix) de L'Année dernière à Marienbad, film culte s'il en est, et film à mes yeux parfait ; évidemment, mieux vaut aimer Robe-Grillet et le labyrinthe particulier de son esprit, dont le scénario chez Minuit est à lire en intéressant complément, et pour se bercer des phrases...

Ce qui fait la magie du film ce n'est pas tant l'histoire - Dans un château de Bohème transformé en hôtel, des gens vivent dans une atmosphère feutrée. Ils sont là pour se reposer, et tout autre bruit que quelques paroles est proscrit. Un homme s'attache à une femme et tente de la persuader qu'ils ont eu une aventure, l'année dernière à Marienbad - que les voix envoûtantes de Delphine Seyrig et Giorgio Albertazzi, l'esthétique et la photographie (N & B) impeccables, subjuguantes par leur perfection certes froide mais... 

C'est un film lent.

C'est un film immobile.

C'est un film envoûtant.

C'est un film étheré.

C'est un film entrelacé.

C'est un film compliqué.

Comme le jeu de Marienbad...

Je me souviens.

J'étais en résidence d'écriture au Monastère de Saorge avec un journaliste français (Samuel Hutchinson) et l'écrivain chinois Ge Fei qui, un soir à la veillée, s'est mis en tête de nous expliquer "le jeu de Marienbad" avec des allumettes et de nous y faire jouer... Autant dire que ce fut une soirée spéciale, dans un endroit qui l'était déjà passablement !

Mais pas aussi spéciale que ce film lent, immobile, envoûtant, éthéré et entrelacé que vous devez voir absolument si ce n'est déjà fait !