Eh bien, à force de gratter, et surtout d’échanger avec son (charmant) auteur, je viens de découvrir que ma traduction du moment – Merivel, a man of his time – annoncée dans les épisodes précédents comme étant du XIXe, puis du XVIIIe, était finalement du… XVIIe ! Voici au moins une bonne chose de réglée !
Mais l’auteur, Rose Tremain (je peux à présent dévoiler son nom), a bien insisté sur le fait qu’il ne s’agissait pas d’un pastiche, et que je devais veiller à bien respecter le ton humoristique, ce que je ne manquerai pas de faire, l’ai-je rassurée en prenant en exemple Aidan Mathews, auteur irlandais traduit jadis et qui avait pris un malin plaisir, dans l’un de ses ouvrages, à truffer son texte de citations cachées de Shakespeare, et à les détourner sur le mode humoristique… Après un tel saut périlleux, plus rien ne peut me faire peur !
L’idée d’une traduction « genre XVIIe », puisqu’il s’agit d’un roman historique (ce dont Rose Tremain est spécialiste), ne faisait pas tout à fait mon affaire, me faisant régresser d’un siècle encore dans ma lecture d’auteurs français « équivalents » (adieu Rousseau et Voltaire), quand je fus sauvée par la lecture d’une superbe traduction (de Gabrielle Rolin) d’un autre roman de Rose Tremain (Musique & Silence) sis au XVIIe également. Ici la traductrice, dans une traduction d’une fluidité rare – or rien n’est plus difficile – a en fait opté pour un style soutenu mais juste classique sans être précieux pour autant (ce vers quoi tendait ma propre traduction) qui pourrait être du… XIXe…
Ainsi la boucle était bouclée, depuis mes premiers tâtonnements, et avec l’accord de l’éditeur (Lattès) comme de l’auteur, tous deux admiratifs, et à juste raison, de la traduction de Gabrielle Rolin, je n’aurais plus qu’à me concentrer sur la fameuse fluidité, en changeant de siècle pour la bonne cause et en repartant donc vers le XIXe ! Moi qui travaille par « couches », je vais d’ores et déjà en utiliser quelques-unes de plus pour atteindre un résultat performant au plus vite – six dans un premier temps, puis trois à la relecture, qui sont déjà trois de plus que ce que je pratique d’ordinaire.
Les écueils du moment restent l’utilisation de ce fichu passé simple qui, décidément, ne me vient vraiment pas naturellement, et du choix récurrent d’un vocabulaire soutenu. Mais excusez-moi, je dois à présent m’en retourner à Versailles, où se déroule une partie de l’action…
A bientôt pour la suite de ces historiques aventures, et n’hésitez toujours pas si vous avez des questions ! 😉
Nota : Rose Tremain est lauréate de l’Orange Prize for Fiction, du Whitbread Book Award (aujourd’hui prix Costa) et, en France, du prix Femina étranger, tout ceci étant fameusement prometteur pour l’avenir de ma traduction en cours.
sans vouloir faire trop d’humour déplacé, on pourrait dire que l’on n’est pas à un siècle près, mais s’agissant de traduction, l’on n’ose imaginer le travail d’orfèvre qui t’attend!
good luck…
Je te le confirme, chère Hélène.
Je suis néanmoins soulagée de voguer dans les eaux du XIXe plutôt que celles du XVIIe… 😉
Ca se lève petit à petit, oui, merci pour ton enthousiasme et tes fidèles lectures+enthousiasme ! 🙂 J’espère que les futurs épisodes seront tout aussi palpitants !!
Aaaah ! On en sait un peu plus. Génial, j’aime beaucoup Rose Tremain ! Dis donc, quel exercice de,voltige, quand même. Tu réussis vraiment bien à donner une idée de ce qu’implique la,traduction littéraire, avec cet article.
Pour quelqu’un comme moi, qui n’est pas du métier, j’ai l’impression de voir se lever un coin du voile. Passionnant !
Merci.