AAEAAQAAAAAAAAesAAAAJDg0YTA4NWMzLTdiYjYtNDQwYy05MDI0LTlmYWU5NTAyZjhmYQ1- Le Chardonneret a été traduit à St Gilles, une des 19 communes de Bruxelles (non loin de Molenbeek…) par une Française tombée là presque par hasard après de nombreuses années ailleurs.

2- Le marathon de traduction a duré 6 mois (plus 1 mois de relecture) à raison de 8-10 h par jour, samedi compris, avec des pointes pouvant aller jusqu’à 10-14 h par jour vers la fin… De la pure folie ! D’autant que le texte était très difficile. Aujourd’hui encore, quelques séquelles…

3- L’ensemble (1 500 feuillets !!) a été tapé avec un seul doigt (l’index droit).

4- La traductrice avait déjà traduit pour Plon, mais pas depuis longtemps. A ce jour, elle ne sait toujours pas si elle a été choisie pour sa réputation de traductrice de textes difficiles (réputation dont elle se dispenserait), ou tout bonnement parce qu’elle était disponible… Elle n’a pas traduit pour Plon depuis.

5- Pendant qu’elle traduisait les 1 500 feuillets toute seule dans son coin, une équipe de 3 traducteurs néerlandais oeuvrait de concert aux Pays-Bas, et l’agent américain faisait virevolter les questions des uns (la Française et les Néerlandais) et les réponses des autres (en l’occurrence Donna Tartt), un ballet superbement orchestré tandis que les modifications de l’auteur ne cessaient de pleuvoir… Car le travail a débuté avant publication aux E.U., sur épreuves non définitives, donc (sinon, cela n’aurait pas été drôle).

6- Dès sa sortie, le livre a été propulsé en tête des ventes ! La traductrice a un peu perdu le compte des tirages, mais en l’espace de quelques mois il y en avait déjà eu 11, dont un (le premier ?) à 150 000 exemplaires en broché ; après quoi le livre a été publié en poche, puis en collector. Il fallait bien cela pour compenser l’achat des droits de traduction qui représentent un montant astronomique ! Les émoluments de la traductrice ont été beaucoup plus modestes, eux.

7- Contrairement à ce que croyait l’éditrice, et en dépit de nombreuses recensions élogieuses, le téléphone de la traductrice française n’a hélas pas sonné non-stop après publication.

8- Contrairement aux fantasmes de certains, les droits d’auteur des années suivantes n’ont pas été mirobolants non plus, l’avance sur 1 500 feuillets ayant été conséquente. D’autres best-sellers m’ont rapporté bien plus (parce que plus petits, avance moindre, donc).

9- Donna Tartt, qui lit le français, a tenu à remercier Edith Soonckindt pour son travail en fin de traduction (lors du deuxième tirage), ce qui est assez rare pour être signalé et une légitime source de fierté – elles sont rares dans ce métier, donc autorisez-la à la savourer et même à s’en vanter, merci.

10- En dépit de son mètre 50 et de ses 40 kg toute mouillée, Donna Tartt a une poigne de bûcheron, alors ne vous avisez jamais de critiquer son Chardonneret !

Info bonus : si je n’avais pas été pressée par le temps et dans l’incapacité de lire la totalité du livre avant de donner mon accord, je n’aurais tout bonnement pas accepté cette commande dans les délais impartis (mais j’aurais raté une belle visibilité, comme quoi) ! Malheureusement, je n’ai eu le temps de lire que le 1er chapitre, qui était « normal ». Cela s’est nettement gâté au 2e chapitre avec la scène de l’explosion au musée, d’une difficulté inimaginable ! Là j’ai vraiment cru que j’allais rendre mon tablier, j’en aurais pleuré. Les scènes de drogue et la tuerie à la fin du livre ne sont pas mal non plus, dans leur genre, avec du « gore » en prime des difficultés dans les deux cas. Le tout sur fond de métaphores (filées, pas filées, et j’en passe) et d’images poétiques peu ordinaires, avec des phrases kilométriques qui n’arrangeaient rien à la compréhension… Repos bienfaisant heureusement lors des scènes dans l’atelier, un pur bonheur !

Antidote recommandé si vous souhaitez voir Amsterdam (puisque ce livre oscille avec une implacable maestria entre Amsterdam, NYC et Las Vegas) sous un angle plus paisible : Miniaturiste, de Jessie Burton (Gallimard), une vraie merveille située dans l’Amsterdam du 17e.

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Un Commentaire

  1. Voilà des secrets qui méritaient d’être révélés. Les remerciements de Donna Tartt étaient amplement mérités !