C’est le facteur déterminant qui m’a attirée vers l’écriture et la traduction littéraire et, des années plus tard, c’est le facteur majeur qui m’y maintient.
Je n’ai pas toujours travaillé chez moi puisque j’ai exercé 101 métiers dans une vie précédente, mais j’avoue n’avoir aucun regret de ces 101 métiers-là, dont celui d’enseignante par exemple, ou encore celui de réviseuse dans un bureau (qui rime avec gros mot).
Comment regretter les petits matins blêmes et frileux où l’on peine à mettre un pied devant l’autre pour se rendre à l’arrêt de bus ou de métro ? Même monter dans sa voiture représente un effort à cette heure-là ! Comment regretter les heures de pointe ou les embouteillages (les gens ayant tous une fâcheuse tendance à travailler aux mêmes horaires), les déplacements de masse, puis le travail dans un lieu impersonnel et froid ?
Même si certains étaient charmants, je ne regrette pas de ne plus avoir de collègues (encore moins de patron !), et les pauses déjeuner bruyantes et communautaires ne peuvent en rien me manquer ; ni les pauses réglementées et surveillées, ni le travail sous cadrage autoritaire.
A la place.
Aaaaaah, à la place.
A la place je fais ce que je veux, quand je veux, comme je veux !
C’est moi qui organise mon temps et c’est moi qui le gère.
Personne n’est sur mon dos à vérifier ce que je fais ou si les quotas du jour sont bien respectés.
Personne ne me convoque dans son bureau pour une mise au point ou ne m’inflige des réunions longues comme le bras.
Aucun étudiant ne me pose de questions impossibles, je n’ai pas de discipline à faire respecter et si je suis de mauvaise humeur, cela ne regarde que moi.
Je travaille en pyjamas si ça me plaît.
Au son de la musique que je veux.
Je peux faire une pause pour prendre un bain si j'en ai envie.
Je ne suis pas contrainte de faire mes courses un samedi.
Je prends mes rendez-vous médicaux comme je l’entends et je n’ai pas de billet d’excuse à présenter au moindre retard.
Si je suis fatiguée aujourd’hui, je peux rester dans mon lit, si je suis malade aussi.
Si je ne suis pas inspirée, je peux lever le camp plus tôt ce jour-là.
Si j’ai des insomnies, je peux travailler plus tôt aussi.
J’ai un petit bureau « cosy » à cinq marches d’escalier de ma chambre.
Que j’ai décoré comme il me plaît, avec des œuvres d’art, des couleurs et des plantes que j’ai choisies.
J’ai un Mac parce que je préfère ça à un PC, et un siège ergonomique.
Je n’ai pas de vis-à-vis ni de voisins qui m’empêchent d’être seule au monde.
Je n’ai pas à subir les ragots ou les mésententes, les mauvaises vibrations non plus.
Je peux par ailleurs passer des heures au téléphone sans déranger personne.
Ou traîner sur Facebook ou le Net si j’en ai envie.
Et si j’ai envie de rêvasser, personne ne viendra me le reprocher.
Idem si j'ai envie de travailler la nuit.
Ah, et en hiver j’ai chaud bien comme il faut, personne ne viendra m’imposer 19 misérables degrés.
Je peux aussi parfumer ma pièce sans déranger.
Bref, c’est parfait, je n’échangerais ma place pour rien au monde !
Sauf que, sauf que.
Il convient néanmoins de préciser quelques petites choses.
N’est pas travailleur chez soi qui veut.
Il faut quand même savoir se discipliner, un peu, voire s’imposer des horaires.
Cela s’apprend, cela étant, je n’avais pas de dispositions particulières.
Et l'avantage c'est que c'est vous qui les choisissez.
Mieux vaut ne pas être trop sociable (une nature misanthrope peut aider), sinon vous pourriez effectivement souffrir de l’isolement.
Mieux vaut limiter ses pauses déjeuner et les discussions amicales si l’on veut demeurer efficace.
Ne pas trop traîner au lit non plus.
Savoir gérer son propre secrétariat.
Et accepter que les congés maladie n’existent pas…
Quand il y a des urgences, il n’y a pas d’horaires non plus.
Et les week-ends peuvent être régulièrement sacrifiés si l’on n’y prend pas garde.
Enfin, si l’on vit en famille, il faut savoir faire respecter et son espace et son temps de travail, à bien scinder du reste de la maisonnée.
Mais, à part cela, les avantages à mes yeux détrônent de loin les inconvénients, l’autodiscipline, ça s’apprend, après quoi la liberté que l’on savoure n’a pas de prix ! A condition, bien évidemment, d'avoir le goût de la
solitude pour commencer, sinon ce n'est même pas la peine d'essayer.
Puissent ces lignes vous avoir prévenus des quelques inconvénients de ce genre d’activité, et vous avoir convaincus qu’il n’y a pas de plus grand bonheur au monde que de travailler chez soi, quand et comme bon vous semble, au rythme que vous souhaitez.
Que cette année 2014 se termine en beauté pour vous tous, et que 2015 soit à la hauteur de toutes vos espérances.
Au plaisir de vous retrouver en janvier ! 🙂
Merci de cette analyse bien détaillée et intéressante, Édith. Pour moi aussi, le travail chez soi présente tellement plus d’atouts. Ayant quitté l’enseignement (préparation de cours, élèves bruyants, fatigue, devoirs à corriger), quel bonheur j’ai éprouvé à être mon propre patron ! Je me souviens très bien avoir fait étudier en classe de BTS un texte sur le « teleworking » et avoir dit aux élèves qu’à mes yeux, c’était une formule idéale à laquelle j’aspirais et qui, par un heureux hasard, s’est concrétisée deux ou trois ans plus tard. Toutefois, je suis tout à fait d’accord sur les qualités à avoir : discipline stricte, respect du planning, sens de l’effort, sacrifices à accepter, entre autres. Si l’on est très bon organisé, le travail chez soi est le compromis parfait et la souplesse qu’il offre est irremplaçable. Et puis, pas de frais de déplacements. Enfin, le plaisir de pouvoir être en mesure de communiquer avec qui l’on veut à toute heure de la journée, grâce à Internet.