Willy Lefèvre est belge et vit à Ixelles, ce qui fait de lui un voisin direct d'Eric-Emmanuel Schmitt... Il est connu en Belgique pour ses chroniques littéraires délicates, comme lui, sa culture littéraire, son humour et son infinie gentillesse, sans oublier ses célèbres chapeaux ! Après avoir été recensée ou interviewée par ses soins à quelques reprises, j'ai décidé de tourner le micro vers lui et de lui poser quelques questions. Nous sommes nombreux.ses à avoir été mis dans la lumière sous sa plume ou son micro, il n'est que justice de le mettre dans la lumière à son tour, le temps d'une interview dont il sera l'objet, pour changer. Suivez-moi pour en apprendre davantage, car qui sait, peut-être qu'un jour il recensera l'un de vos livres ?

Willy Lefèvre, les amateurs de votre page Facebook, de votre chaîne YouTube ou de votre site (références en fin d'article) vous connaissent comme chroniqueur littéraire extrêmement prolifique. Mais que faisiez-vous donc auparavant ?

Après une carrière commerciale et dans les relations publiques, j’ai été employé pendant une douzaine d’années dans la célèbre librairie Corman à Knokke-le-Zoute. L’âge de la pension sonnant, et la réorganisation de cette librairie se jumelant avec un changement de cap dans ma vie privée, je quittai la côte pour la capitale belge.

D’où vous vient cet amour des livres ? De cet ancien métier, de votre enfance ? On lisait beaucoup chez vous ?

J’ai toujours vu mes parents lire. Je me souviens de ma propre petite bibliothèque de chêne clair (que je possède toujours) qui, dès mes six ans, surmontait le petit bureau qui se refermait par un volet roulant. J’ai encore à portée de main l’un de mes premiers beaux livres, Le Renard dans l’île, d’Henri Bosco, dans l’édition blanche de Gallimard. 1956. J’avais huit ans.

Qu’est-qui vous a donné l’idée de rédiger des chroniques ? Le plaisir de partager vos coups de cœur ?

Sitôt arrivé à Bruxelles, j’ai été contacté par John-Alexander Bogaerts, l’éditeur du journal satirique PAN. Nous nous étions régulièrement croisés au Zoute et il connaissait ma réputation de conseiller littéraire. Il me proposa de tenir la chronique « livres » de son hebdomadaire, ce que je fis avec grand plaisir durant plusieurs mois.

Avez-vous parfois des coups de gueule ?

Ils sont nombreux et je tente, dans la mesure du possible, de les réserver à ma sphère privée. Mais quelques fois il m’arrive de m’insurger contre une certaine complaisance qui pourrait faire croire à un éventuel lecteur que l’ouvrage vaut la peine d’être lu. Gardant l’âme du libraire que j’ai été, je n’aurais jamais eu de plaisir à recommander un ouvrage qui avait pour moi moins de saveur qu’un navet.
Il m’est arrivé aussi de râler sur l’attribution de certains prix littéraires dont on pouvait deviner à l’avance le prochain futur élu. Pour l’un, il était le chouchou du président du jury, pour l’autre, on ne pouvait pas faire mieux que de le remettre au participant du patelin, ou au briscard incontournable, délaissant ainsi les jeunes pousses avides de reconnaissance.

Je vous ai croisé sur Facebook, où vous avez plusieurs pages, ou alors chez Nicolas Chieusse au temps d’Eléments de langage (qui poursuit sa vie à Toulon), mais êtes-vous actif sur d’autres réseaux sociaux que Facebook ?

Je n’ai jamais été attiré par d’autres réseaux sociaux, où j'ai juste un compte. Même sur Facebook je suis parfois désappointé par le succès de certains blogueurs incultes, et par l’intérêt suscité par d’hystériques blogueuses qui, dès le saut du lit, vous lancent des borborygmes, les lèvres sur leur mug de café, la chemise de nuit douteuse…

Vous avez aussi une chaîne YouTube, vous y publiez quoi ? Vos Causeries ? Pourriez-vous nous en expliquer le principe, pour ceux qui ne les connaissent pas (encore) ?

L’idée des Causeries est née inopinément alors que j’écoutais parler feu Jean-Claude Crommelynck. Ce poète slameur commençait à me raconter son parcours lorsque, voyant une petite caméra posée sur la table, il me lança : « Si tu veux, tu enregistres ». Il ne fallut pas me le répéter deux fois. Un moment d’anthologie. Dès les premiers jours, la publication fit le buzz. Laurent Herrou la vit et je lui proposai de prendre très rapidement place dans le fauteuil. Le concept fut lancé. Ecrivains, éditeurs belges ou français se sont succédé, inconnus ou plus connus. Plus d’une centaine de personnalités, toutes plus différentes les unes que les autres, sont venues prendre un café ou une baguette-fromage avant de causer.
La sortie d’un ouvrage étant un prétexte, c’est surtout le parcours de la personne qui m’intéresse. A vos propres lecteurs de découvrir ces Causeries avec Abel, Aguessy, Baronian, Begag, Calmel, Claise, Engel, Khadra, Keguenne, Orcel, Santoliquido… mais, je ne vais pas tous les citer.

Vous avez l’air d’apprécier énormément Alain Cadéo, auteur français. Donnez-nous donc trois (bonnes) raisons de le lire, et dites-nous quel est lequel de ses livres qui le représente le mieux ?

L’Amour du verbe.

Le Parfum du mot.

La Concision.

Choisir un de ses titres ? Une œuvre ne s’ampute pas.
Une phrase lui suffit, vous la retrouverez dans le mot de la fin.
Mayacumbra, son avant-dernier écrit publié, vous donnera envie de poursuivre la découverte de cet écrivain d’exception, de même que L’Homme qui veille dans la pierre, tous deux parus aux éditions La Trace. Deux titres qui vous donneront envie d’en connaître plus sur l’auteur.

Avez-vous d’autres auteurs fétiches ?

Ils sont nombreux : Laurent Gaudé, Yasmina Khadra (déjà cité), Makenzy Orcel, Sylvain Tesson, Maxence Fermine. Laissons d’autres noms plus people pour les plateaux TV.

Et des paysages littéraires de prédilection ?

La Mongolie ou l’Islande, avec Ian Manook. Le Brésil avec Jean-Christophe Rufin. Mais d’autres régions aussi bien certainement.

Des préférences de genres, ou bien tout vous agrée ?

Je suis curieux de tout.

Je crois savoir que vous vous êtes mis à l’écriture… Que mitonnez-vous ? Un pitch à nous confier, une première phrase ? Vous écrivez à vos heures perdues ou très assidûment ?

Il est trop tôt pour en parler. Mais l’arrivée d’un colis dont l’expéditeur est inconnu a ouvert la boîte de Pandore…
Mes heures ne sont jamais « perdues »... Donc le matin au réveil, en journée, le soir, la nuit… les idées foisonnent, les réseaux sociaux heureusement un peu plus délaissés.

Et qu’est-ce qui vous a poussé à sauter le pas ?

Ce n’était pas prémédité, loin de là !
Cela m’est « tombé dessus » un soir et… dès le lendemain, sans plus pouvoir m’arrêter, j’ai commencé à rédiger.

Trouvez-vous le temps de dormir et de faire autre chose que lire ? Avez-vous d’autres passions ?

La marche, les confitures, la cuisine. Oui, les courses bien rangées, j’aime mitonner le petit plat qui permettra de maintenir un certain équilibre sur la balance.
Ensuite, je dors sur mes deux oreilles après avoir regardé le soleil se coucher.

Votre compagne, la charmante Monique Smans qui vous accompagne fidèlement, est-elle aussi passionnée de lecture que vous ?

Oui, et plus boulimique que moi. Je lui avais tellement « fourgué » de livres lorsque j’étais libraire, qu’elle n’avait d’autre solution que de me kidnapper… Je souffre depuis du syndrome de Stockholm. Quatorze ans déjà… hihihi…

Un mot de la fin, une recommandation quelconque, vous qui lisez à tour de bras ?

Le monde n’est fait que pour rendre à l’humain sa très douce et hypnotique faculté de contemplation… Tout le reste est brassage bruyant d’espèces acharnées ne pouvant se résoudre à l’idée d’extinction. Il est pourtant si bon de disparaître sur la pointe des pieds, vers tout l’ailleurs de la pensée…

Alain Cadéo – Mayacumbra

Merci Willy ! Et au plaisir de vous croiser encore, que ce soit aux Roulades littéraires corsées (des causeries dans un restaurant corse) que vous organisez une fois par mois en moyenne à Ixelles avec François-Xavier van Caulaert, votre complice littéraire, à la Foire du livre de Bruxelles, ou dans l'une ou l'autre soirée littéraire de la capitale.

On peut retrouver Willy très régulièrement et avec bonheur sur Linkedin, Twitter, mais surtout sur Facebook, YouTube et aussi sur son site web Les Plaisirs de Marc Page.

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