Traductions à gogo
Mes traductions de bons livres
Il y en a un certain nombre, que je ne tiens pas pour des chefs d'oeuvres - combien de livres en sont, de toute façon - mais qui sont d'honnêtes livres que j'ai eu plaisir à traduire et que les lecteurs ont dû avoir plaisir à lire, ce qui n'est pas toujours le cas...
Dans le lot je retiendrai Les Hôtes de la nation de Frank O'Connor, injustement méconnu en France, "le Flaubert des des bocages irlandais", admiré par Yeats, et qui nous offre dans ce recueil onze nouvelles mettant en scène "cette mystérieuse ligne de force à partir de laquelle des individus prédisposés à l'acquiescement se raidissent".
Affectueux aussi est mon souvenir d'Aidan Mathews - « un jeune écrivain irlandais à la prose fantasque et d'une gaieté exubérante qui mérite d'être comparé à James Joyce,» dixit The Daily Telegraph - dans Du rouge à lèvres sur l'hostie, deux nouvelles très irlandaises qui constituent un échantillon parfait de son art narratif . J'ai plus particulièrement aimé celle qui s'intitule Les Rails, qui décrit l'angoisse obsessionnelle d'un enfant de douze ans qui découvre un jour l'existence des camps d'extermination nazis. Son voyage d'études à Krefeld, où il est hébergé dans une famille allemande, ravive son cauchemar. Son rapport avec Jésus est infiniment émouvant aussi.
Deux anecdotes à ce sujet : j'étais sans le sou et avais brûlé un cierge à l'église (en hommage à ma grand-mère athée qui en brûlait régulièrement) ; une semaine plus tard j'héritais de cette traduction au titre inhabituel et... de circonstance au vu de mon "travail de fond"... A une autre occasion j'ai rencontré à Paris le charmant Aidan Mathews, dont la modestie était telle qu'il avait la gentillesse de trouver ses textes mieux traduits par moi qu'écrits par lui ! ? Un comble, et une remarque jamais entendue depuis... Cet adorable monsieur m'a par ailleurs offert deux serre-livres en tourbe et une bouteille de délicieux whiskey irlandais, finie depuis. Par contre les serre-livres me servent toujours...
J'ajouterai ensuite à ma cueillette Un été vénéneux, d'Helen Dunmore, une traduction pas facile qui m'adonné bien du fil à retordre dans ses descriptions. Je vous livre pour preuve le descriptif qu'en donnent les éditions Belfond elles-mêmes :
"Délaissées par leurs parents après le décès de leur petit frère Colin, Isabel et Nina se sont construit un univers bien à elles. Isabel, l'aînée, la plus douée aussi, a pris sa jeune soeur sous son aile, lui servant de référence et de guide. Quand, des années plus tard, Isabel met au monde un fils, sa soeur quitte aussitôt Londres pour la rejoindre à la campagne. Mais, Isabel, affaiblie, traumatisée par un accouchement difficile, la tient à l'écart. En ces interminables journées d'été, alourdies par une chaleur caniculaire, Nina succombe à son attirance pour Richard, son beau-frère. Isabel laisse faire. Son attitude ambiguë à l'égard du nouveau-né inquiète Nina, qui ne peut s'empêcher de se rappeler Colin. Dans son esprit, des images surgissent, obscures, bouleversantes... Peu à peu s'installe le soupçon : et si Isabel et elle-même n'étaient pas étrangères à la mort du petit frère ? D'une écriture dense et extraordinairement évocatrice, Un Eté vénéneux est un roman dans lequel l'atmosphère étouffante et sensuelle vient encore renforcer un suspense psychologique intense et sans cesse croissant."
Petite anecdote : j'étais (à nouveau) sans le sou et j'ai donc à nouveau brûlé un cierge à l'église de mon quartier (très efficace, je vous la recommande !). Une semaine plus tard cette traduction m'était proposée. Comble de la coïncidence, ma grand-mère venait de mourir, et son titre en anglais était Conversation with the dead... Peut-être sur ce même site vous reparlerai-je un jour de mes talents médiumniques... 😉
Ma dernière recommandation du jour sera Fred et Edie (diminutif d'Edith, admirez le clin d'oeil là encore !), de Jill Dawson, un livre qui n'a vraiment pas eu le succès qu'il méritait en français et c'est bien dommage.
Je garde, moi, le souvenir d'un roman émouvant, basée sur un fait divers saisissant : "En 1922, à Londres, éclate une affaire qui bouleverse l’Angleterre. Edith Thompson et son amant, Frederick Bywaters, sont convaincus de meurtre sur la personne du mari d’Edith et condamnés à la peine capitale. Durant le procès, Fred clame l’innocence d’Edie. Elle n’a jamais comploté contre son mari, ni tenté de l’empoisonner, ni incité son amant à le tuer. Pourtant les jurés - neuf hommes et une femme - ne l’entendront pas de cette manière. C’est la femme qu’ils vont juger à travers les lettres d’Edie et Fred.
Une femme dynamique qui se moque des conventions. Une femme qui travaille et gagne plus d’argent que son mari. Une femme qui, à vingt-huit ans, n’a toujours pas d’enfant et qui considère que la vie maritale, lorsqu’elle est monotone, ne vaut pas le coup d’être vécue. Une femme qui vit une extraordinaire histoire d’amour avec un homme de sept ans son cadet. A l’annonce de sa condamnation, une multitude de voix, dont celle de Virginia Woolf, s’éleva pour réclamer la révision du procès et l’abolition de la peine de mort. Malgré une pétition signée par plusieurs centaines de milliers de Britanniques, Fred et Edie seront pendus le 9 janvier 1923. Le bourreau d’Edie se suicidera par la suite. Le directeur et l’aumônier de la prison démissionneront et passeront leur vie à militer contre la peine de mort."
Mes traductions grand public
Pour un jour de plus est un des livres les plus touchants qu'il m'ait été donné de traduire.
Il avait très bien marché aux Etats-Unis mais, curieusement, il n'a pas connu le même succès en France, contrairement à Les Cinq personnes que j'ai recontrées là-haut dont je vous reparlerai plus bas et qui m'a permis de vivre quelques années (merci, Mitch Albom, merci, et les éditions Oh ! pour leur généreux pourcentage :-)).
Pourtant, que rêver de plus "accrocheur" que cette histoire d'un homme paumé, raté, qui, suite à un accident de voiture, se retrouve à passer une journée, une seule et unique journée, avec sa mère décédée avec qui il n'avait pas eu l'occasion de tout dire du temps de son vivant. Tire larmes assuré ! Et, oui, l'on peut objecter qu'il est facile d'émouvoir à bas prix avec ce genre de ressort dramaturgique, mais en même temps, si l'on se prenait à rêver, qui n'adorerait pas vivre une telle journée, celle de la dernière chance, avec un être aimé et trop tôt disparu, ainsi qu'ils le sont tous ?
En vérité, je vous le dis, voilà un livre que j'aurais aimé avoir écrit, histoire d'apporter un peu de bonheur aux gens. Belle idée, qui plus est délicatement exploitée.
Sans parler de la mise en garde impérieuse : ne traînez pas, un accident est si vite arrivé, dites ce que vous avez à dire à vos amis et à vos proches de leur vivant !
Un Noël de rêve est aussi un livre que j'aurais aimé avoir écrit tellement il est touchant, et un peu dans la même mouvance que Pour un jour de plus.
Voici l'histoire telle que résumée dans la quatrième : Noël approche. Avec son lot d'étoiles dans les yeux, d'odeurs de pancakes... Cette année, Eddie l'aura son vélo rouge. Il y croit dur comme fer. Même si la chasse aux cadeaux n'a rien donné, les jours précédents. Même si sa mère, qui l'élève seule, peine à joindre les deux bouts. Il n'a pas la vie facile, Eddie. Ce vélo, il l'a bien mérité. Ce vélo qu'il n'aura pas... A la place, sous le sapin, trône un pull-over moche, tricoté à la main. On est capricieux à 12 ans. Egoïste. Destructeur. Il faudra au jeune adolescent l'expérience d'une nuit cauchemardesque, interminable, pour redécouvrir l'amour de sa famille, cette joie qui sauve de tout. La véritable magie de Noël...
Un seul élément qui pourrait rebuter le lecteur français : Dieu dans toute sa splendeur est présent dans la moitié du livre et lui imprime sa marque, sa teneur, son ampleur. Cela ne m'a pas rebutée outre mesure, je connais la démesure des Américains sur ce sujet, mais il est vrai que cela pourrait importuner le lecteur lamda.
Pourtant, croyez-moi, cela n'enlève rien à l'émotion du livre, qui est forte et qui fonctionne.
Bonus pour moi : ce fut par ailleurs un rêve de traduction : une langue simple, sans argot ni citations cachées... Je me souviens ne pas avoir dû faire appel à l'auteur une seule fois, ce qui est suffisamment rare pour être noté !
On est ici dans du Mitch Albom (auteur extrêmement célèbre aux Etats-Unis) pur jus, avec cette suite, en quelque sorte, de son livre La dernière leçon - Comment un vieil homme m'a redonné le goût de vivre
Le vieil homme qui m'a appris la vie est un de ces livres qui, lui aussi, pourra faire beaucoup de bien à ses lecteurs. Il est émouvant, plein de sagesse et sait vous toucher là et quand il faut. J'ai pris beaucoup de plaisir à le traduire et vous livre ci-après sa quatrième :
C'est la rencontre de trois personnes que tout aurait dû séparer. Un pasteur excentrique et incroyablement attachant qui a commis des actes impardonnables et tente de se racheter ; un vieux rabbin, drôle et généreux, qui sait qu'il va mourir, et qui, avant, doit accomplir une dernière mission ; un brillant écrivain, rattrapé par son passé.
Cette rencontre a changé la vie de ces trois hommes. Et leur histoire va changer la vôtre. Porté par la justesse d'écriture et d'émotion que l'on connaît à Mitch Albom, Le vieil homme qui m â appris la vie est une réflexion sur la vie, la foi, la sagesse. C'est un message d'espoir et de tolérance qui fait du bien et nous rappelle que le bonheur est à la portée de tous.
Voici un thriller écologique du tonnerre qui fut un cauchemar à traduire (beaucoup d'argot, de termes techniques, et délai très court sinon ça n'aurait pas été drôle) mais qui n'en est pas moins un excellent livre que je vous recommande chaleureusement ! American subversive m'a offert le bonheur de replonger dans les rues et l'atmosphère de New York, un plan à la main pour découvrir certains quartiers ou certaines rues dont je ne savais rien.
L'histoire vous tient en haleine, l'intrigue est bien ficelée, on ne s'ennuie jamais, et en plus on y apprend comment fabriquer une bombe ! (Si l'on me piste avec mon adresse IP, on va la retrouver sur des sites... explosifs ! ;-)) Dieu merci, à ce jour je n'ai pas encore été inquiétée ! Dernière remarque : ce livre est sorti (en français) au même moment que le dernier Brett Easton Ellis (à qui on'a comparé Goodwillie), du coup il n'a pas eu le succès qu'il méritait et c'est bien injuste. N'hésitez pas à le lire, d'autant qu'il vient de sortir en poche !
Voici ce qu'en dit l'éditeur, et que je cautionne :
2010, dans une Amérique en pleine récession économique, une bombe explose dans une tour de bureaux de Manhattan. Quatre jours plus tard, alors qu aucune arrestation n a été entreprise et que la métropole est sur les dents, Adrian Cole, un journaliste raté reconverti en blogger people, ouvre un e-mail anonyme et découvre la photo d une jeune américaine, accompagné d un message laconique : « Voici la responsable : Paige Roderick. » Sa curiosité de reporter est soudainement piquée : Aidan se lance dans une enquête improbable, un récit qui débute avec des écologistes radicaux dans les Smoky Mountains, l'emmène dans un atelier de fabrication de bombes artisanales dans le Vermont, une enclave de riches sur une île paradisiaque et finit dans une planque d un quartier défavorisé de l'est de Manhattan. Chronique détaillée des nouveaux médias de l'ère digitale, doublée d un récit palpitant sur le terrorisme national, American subversive terrifie mais séduit : à travers la déroutante description d'un groupe de terroristes, leur psychologie, leurs méthodes et leurs résultats catastrophiques ! L auteur transforme le personnage de Paige, jeune fille bien sous tout rapport, en passionaria d'une écologie radicale underground, qui va entraîner AIDAN dans une histoire sentimentale et pleine de rebondissements. Témoignage ironique sur une Histoire récente, AMERICAN SUBVERSIVE explore l'étroite relation entre l'inertie collective et les racines d une insurrection. Paige et Aidan sont deux Américains qui, comme beaucoup d'entres nous, tentent de s'imposer dans une culture ou un monde qui s'écroule autour d eux. Remarquablement écrit et d un suspense haletant, AMERICAN SUBVERSIVE est un conte moral à la voix ingénieuse, réaliste et pleine d humour.
Bonus incroyable de ce livre, la bande-annonce de sa sortie (aux Etats-Unis), une nouvelle forme de promotion outre Atlantique :
Mes traductions de best-sellers
La Nostalgie de l'ange est "le" best-seller de ma vie, qui fait que quelques personnes, voire plusieurs, me connaissent non pas de nom, mais s'exclament avec admiration "Ah, vous êtes la traductrice de La Nostalgie de l'ange !" Presque comme si je l'avais écrit...
Etrange aventure que ce livre que j'ai reçu sous forme de manuscrit inédit (contrairement aux livres de Mitch Albom qui étaient déjà des succès avérés au moment de leur traduction en français) et non terminé (il manquait le dernier chapitre !).
Etrange coïncidence, la photo de couverture est l'oeuvre d'une Belge rencontrée par la suite et dont j'ignorais le travail au moment de la publication du livre comme au moment de notre rencontre...
Bonus pour moi : cette traduction, d'un livre par ailleurs original et touchant, m'a ouvert les portes de Oh ! éditions ensuite, où mon nom a été recommandé pour une autre traduction angélique (Les Cinq personnes) en tant que celui de la traductrice de La Nostalgie de l'ange doublé de l'auteur de Le Bûcher des anges...
Pour ceux qui ne le connaîtraient pas encore, en voici le résumé :
Aux États-Unis et dans chaque pays où il est publié, ce livre est un phénomène : ventes record, en tête des listes des meilleures ventes pendant des mois, et critiques élogieuses. Nom de famille : Salmon, saumon comme le poisson ; prénom : Susie. Assassinée à l’âge de quatorze ans, le 6 décembre 1973... Au-delà de l’horreur, de la souffrance, Alice Sebold raconte aussi et surtout le pardon, la renaissance et la vie. Depuis le Ciel , elle observe avec tendresse et ironie ceux qui restent et se déchirent autour de sa mort : son meurtrier et le policier chargé de l’enquête, sa mère qui fuit au loin ou son père anéanti, sa sœur chérie qui découvre l’amour, ou encore l’adolescent avec qui Susie n’a pu qu’échanger un premier baiser... Plus encore qu’un thriller, un roman d’amour à la fois déchirant, émouvant, surprenant... un livre plein de grâce et d’une subtilité envoûtante, où l’humour n’est pas absent.
Soit dit en passant, sa version cinématographique est, à mes yeux, plus que décevante. Mais comme j'ai une amie réalisatrice qui l'a trouvée géniale, pour une fois je ne trancherai pas et vous laisserai vous faire votre propre idée en visionnant la bande-annonce ci-dessous :
Les Cinq personnes que j'ai recontrées là-haut est ce livre magique que j'aurais aimé avoir écrit, là aussi ! J'ai expliqué plus haut comment j'en étais devenue la traductrice et je vous dévoile ci-après quel en est le sujet, pour ceux qui ne l'auraient pas encore lu (et pour une fois, on a gardé ma quatrième in extenso !) :
Une fête foraine joyeuse, près de l’océan, un vieux monsieur aimé de tous et qui y a travaillé toute sa vie, une fillette mise en danger par une des nouvelles attractions à sensation, et voilà comment Eddie - par une belle journée estivale qui se trouve être aussi celle de ses 83 ans - quitte pour toujours le monde des vivants.
Nous le suivrons alors vers un au-delà où il fera connaissance avec ces « Passagers du ciel » que sont les 5 personnes qui auront marqué sa vie de diverses manières ; chacune jettera une lumière toute autre sur les moments les plus noirs de son existence, et c’est ainsi qu’un baume sera passé sur autant de vieilles blessures, qui se refermeront pour venir rejoindre la cohorte des plus doux moments de sa vie...
Rien de mièvre dans cette histoire, ni d’inutilement métaphysique non plus, juste un étrange conte moderne, tout en couleurs et en saveurs, qui nous explique avec une émotion toujours juste et dans une langue simple, vivante et colorée, combien chaque rencontre de notre vie - de la plus anodine à la plus personnelle, de la plus belle à la plus terrible - est là pour une raison bien précise : vivre jusqu’au bout notre histoire, et accepter, que même les mauvais choix n’en étaient pas, ce avant de pouvoir s’enfoncer, enfin paisible, dans une bienfaisante éternité...
Il suffira au lecteur de se laisser porter par l’enchantement, l’émotion et la poésie de cette fable, afin d’effectuer en quelque 200 pages, et au son d’une douce musique, un tour de manège qui l’aidera sûrement, « au bout du conte », à mieux comprendre les arcanes et mystères de sa vie, pleine de bien plus de sens qu’il ne se l’imagine... Un livre à lire et relire pour tous ces jours sans barbe à papa ou chevaux de bois, un livre que l’on aura follement envie de partager aussi, et d’offrir à ses amis pour que leur vie ne soit plus jamais jamais couleur de nuit ! Un livre d’une grande poésie plein de leçon et d’espoir.
Il existe là aussi une bande annonce pour
Les Cinq personnes que j'ai recontrées là-haut
Là aussi il y a eu un (télé)film, qui moi m'a bien plu :