Impressions arlésiennes
Une ville, un jour
Je me souviens
D’une petite gare, blanche
Perdue en bout de ville
Et d’un homme en blanc qui m’y avait attendue, autrefois
Je me souviens d’une fête foraine, comme tant d’autres fêtes partout dans le monde des hommes
Je me souviens d’un fleuve bleu sur fond de ciel orangé
Je me souviens de ruelles sinueuses et ombragées, même quand le soleil n’y est pas
Je me souviens de cafés bruisselants
D’un marché tellement vivant
Je me souviens d’une grand place si paisible que l’on sait que le bonheur existe
Je me souviens de tombes immobiles
Je me souviens d’un soleil doux
Je me souviens de gens souriants, tellement
Je me souviens d’un hôtel charmant, St Trophime
Et puis je me souviens que la ville a été envahie de livres, toujours des livres,
Encore des livres !
Et de gens
Je me souviens de traductions…
Je me souviens de conférences, d’ateliers, de lectures !
Je me souviens de mots
Je me souviens de rires, surtout un
Je me souviens de retrouvailles et de rencontres
Et je me souviens de Molly B. croisant Georges P.
Je me souviens, aux Deux Suds, d’un tagine d’agneau délicieux, servi par le non moins délicieux Vito
Je me souviens d’un automne imperturbable
Alors je me souviens de l’émerveillement des étés anciens passés au Collège, et des amis traducteurs morts depuis, Mehdi Sahabi, Jean-Jacques Celly
Je me souviens des amies traductrices, Marie, Nina, Marja, toujours bien vivantes
Je me souviens de la douceur envoûtante des choses
Je me souviens d’un poème disant d’y prendre garde
Je me souviens ne pas l’avoir cru
Et je me souviens de l’avoir regretté, après
Je me souviens de la langueur, de l’incroyable douceur
Je me souviens
D’une petite gare, blanche
Perdue en bout de ville
Puis disparaissant de ma vue pour toute une année
Je me souviens
Je me souviens
Publié in TransLittératures 2012