LE BÛCHER DES ANGES
Commentaires de lecteurs
Impressions de J. C. Bologne, « parrain » du livre
« Dans le monde que s'invente Jean dans le silence des adultes, des liens mystérieux courent entre les êtres et leur donnent sens. Si les enfants morts deviennent des anges, Jean est-il maudit d'être resté vivant ? Le boucher, dans le sang des bêtes, punit-il ceux qui ne sont pas devenus anges ?
La maladie qui menace d'emporter l'adolescent, en tout cas, ne peut être qu'un appel ; un appel manqué. Grandir dans l'absence de l'ange, c'est se condamner à le chercher à travers le monde. Aux rencontres initiatiques succèdent les erreurs inévitables lorsque l'on confond le rêve et l'apparence, les ailes de l'ange et le tatouage du marin... Jean vit dans un monde transfiguré, où la sexualité, la violence, la cruauté deviennent des liturgies conjuratoires. Liturgies nécessaires pour donner sens à sa vie et retrouver, peut-être, le bûcher où elle se consume pour libérer l'ange exilé dans l'enfant. Ce récit, éclaté, est construit comme un puzzle dont le dessin se précise peu à peu dans l'esprit du lecteur. Quelques scènes fortes, d'une dimension quasi mythique, rassemblent, le temps d'une vision, les éléments épars, mêlant étroitement rêve et réalité pour imposer au monde un statut intermédiaire, celui d'une fiction signifiante. Le rythme de la phrase, brisé par l'usage très particulier de la ponctuation, fondant la syntaxe pour isoler certains mots, participe à cette subtile transmutation de la réalité en mythe dans le regard d'un enfant blessé.»
Impressions de Laurence Vielle
"Edith, j'ai lu ton livre, là d'une traite dans un train de Bruxelles à N., c'était le chemin juste, et Jean à peine décrit ouvre un drôle de creux en moi où flotte son secret. Car c'est secret le lieu où arrive Jean. Je l'effleure. Jean est au bord de moi et les phrases se ponctuent autrement hors, de la raison comme un temps nouveau à prendre, une esquisse de vol, hors, de routes trop terrestres une peau dans-je. Je serai heureuse de lui donner haute voix. Je prépare un extrait où la ponctuation me semble être celle que tu y as mise, c'est-à-dire inhabituelle, magnifiquement boiteuse. Que la mer du nord t'aie ravie, un temps je le souhaite."
Impressions de Joyce Waters
"Oui, j'ai bien reçu le livre, et je vous en remercie. Oui je l'ai lu et j'ai beaucoup, beaucoup aimé le texte, que je trouve très beau. J'en ai aimé aussi les images et le voyage et... Mais c'est vrai je vous avoue que je suis très perturbée par la ponctuation et je ne raterai certainement pas votre passage télévisé chez Dolorès Oscari. A moins que... Mais Je, ne pense, pas-encore-pouvoir, vous assurer de ma présence au Théâtre Poème, pour le moment ! A très bientôt et merci pour ce voyage-lecture en apesanteur qui m'a donné l'impression de lire et de me déplacer à travers un carafon de cristal biseauté."
Impressions de Carmelo Virone
A propos de la présentation du roman au Théâtre Poème (Bruxelles), émaillée des si belles lectures de Laurence (Vielle) : " J'ai plutôt tendance à improviser mes questions, mais il y en a au moins une à laquelle tu ne couperas pas : la ponctuation, souvent décalée : une virgule avant un adjectif qualificatif ou un complément d'objet mais entre deux termes équivalents juxtaposés. T'as intérêt à revoir ta grammaire ! Je suis sûr, que c'est par perversion, pure, que tu as déplacé ce pauvre peuple, élégant décharné, des virgules, mais tu devras t'en expliquer quand même ! Ton livre est très beau."
Impressions de Miss M.
"Deux ans après la dédicace écrite sur une table d’enculé à l’Union de Saint Gilles, je parcours les pages de ce roman de l’amie Edith, celle qui m’a poussée dehors, avec les livres et les écrivailleurs. C’est elle aussi qui m’a jetée dans les mots de Chloé Delaume, c’est elle qui m’a balancée dans les bras d’un psy-épluche-légumes, mais c’est elle enfin qui vient de NOUS bouleverser, mon homme et moi.
Nous étions comme ça, l’un devant l’autre dans la baignoire chaude, nous lisant l’un à l’autre ce roman après Dans le train de Mr Oster et puis, ça nous est venu.
D’abord, nous avons cru à l’humidité ambiante et à la chaleur incandescente d’une salle de bains, puis, après quelques pages, nous avons saisi… c’était l’émotion, le choc frontal…
La dimension philosophique digne d’un Petit Prince cruel et assourdissant, la poésie obscure d’un Isidore Ducasse, la vision de l’idéal haletant sous la pression des choses. Tout est là. Évidence sacrilège.
Raisonnement insolent de la perpétuelle initiation. Cruauté sempiternelle de l’apprentissage de la mort.
J’avais hésité à le lire ce livre, comme si j’avais attendu le moment de pouvoir tout comprendre, comme si j’avais eu peur (parce qu’au début, j’avais peur d’Edith) et aujourd’hui, même sans la prétention d’avoir compris ce livre, j’ai senti une once de réponse, à moins que ce ne soit une question qui me sied plus.
Le Bûcher des anges est comme un évANGilE de Saint Jean qui torture Lacan. J’ai lu chaque mot en me disant qu’il me touchait, moi alors que c’est sûrement l’un des livres les plus extérieurs à soi pour avoir capté si justement le regard du profond.
Les risques d’apprendre, la désillusion de la recherche, la lumière de l’absolu et l’obscurité de la portée de-main, j’ai l’ivresse des pages dans la gorge.
Et mon Petit Prince a eu les yeux imbibés de compréhension, après la page 121, nous avons partagé l’échange, pensé à nous, aux autres et au monde.
Nous avons fait l’amour ensuite, pour nous dire qu’il n’y avait rien de mieux que la symbiose et la compréhension, mais ça, c’est accessoire à cette anecdote et à l’Histoire du livre, bien entendu.
La pédagogie transperce chaque strophe répétitive, répétée à l’excès parce que les choses sont là, devant nos trous mais nous ne sommes des singes ô-dieux…
Le Bûcher des anges ou la vérité sur les Hommes.
Ils ont tous un sexe, ils sont tour à tour bourreaux ou victimes, ils ont des ailes sur leurs dos bariolés, aussi, ils tuent, ils (s’)abandonnent, ils (s’)initient, ils perpétuent, ils cherchent et rarement et trop tard ils trouvent.
Merci Dame Edith."
Impressions de l'adorable Karine Boissou
"Merci à toi pour le délicieux moment que j'ai passé à dévorer ton livre : trop forte que tu es, ma petite Edithouille. Je ne trouve pas ton récit sombre, mais douloureux ; et c'est une énorme différence ! L'épreuve du négatif, la douleur, étape nécessaire, essentielle à une véritable réconciliation: foin de masochisme là-dedans, juste se sentir être humain à part entière (rien que ça !). Toujours est-il que sans douleur - elle est donc un moment nécessaire et essentiel - point de cette réconciliation qui offre à un être humain la possibilité d'être plein, entier et généreux (paroxysme de la liberté). On se boit un verre de lait quand ?"
Impression de Nathalie
Me revoila, comme promis ! J'ai donc lu votre livre, d'une traite, car je ne pense pas que l'on puisse le lire autrement ! J'ai mieux compris votre dédicace (vous me souhaitiez une "angélique" lecture). J'ai plutôt senti une violence des sentiments, que j'ai moi-même pu vivre "à en crever" lors de mon adolescence, et, je crois même plus jeune aussi. Ce n'est certainement pas un livre"angélique". Je le relirai certainement. Je vous quitte. Un ange m'appelle..."