UnknownSi l’on consulte son site internet, l’on y apprend en toute sobriété que Nadine Monfils est belge et vit à Montmartre ; qu’elle est l’auteur d’une soixantaine de romans et pièces de théâtre, dont des polars à la “Série noire” et des thrillers chez Belfond, rien que ça !
Sauf que Nadine, c’est bien plus que ça.
Et tout sauf la sobriété !
La preuve en 13 réponses à mes 13 questions :
Cover La vieille qui voulait tuer le bon dieu1 – Nadine, tu es connue aujourd’hui comme l’auteur, chez Belfond, de polars truculents et déjantés, mettant en scène pour quatre d’entre eux l’inénarrable Mémé Cornemuse. Comment t’est venue l’idée de ce personnage pour le moins haut en couleurs ?

« J’adore les vieilles biques, et particulièrement les pétées du genre Carmen Cru et Ma Dalton. Puis mes grands-mères étaient gratinées aussi, dans leur genre. Donc c’est un mélange de tout ça. J’aime les femmes libres …

2 – En règle générale, d’où tires-tu ton inspiration ? Du réel qui t’entoure (je crois savoir qu’à Montmartre, où tu vis, tu es fameusement entourée !) ou de ton imaginaire qui ne semble jamais chômer ?

C’est sûr que Montmartre est un lieu qui m’inspire beaucoup. J’y ai puisé plein d’idées pour le personnage du commissaire Léon et sa bande (Série noire, tous réédités chez Belfond) et je continue à trouver des pépites ici. C’est un lieu où la fête est constante, les gens colorés, comme par exemple Aldo, le shérif de l’univers, ou Jeannette qui vend des briquets lumineux et dont le nez arrive jusque au comptoir… Elle doit sauter pour attraper son verre. Ou encore JP, mon ami ancien braqueur de banques qui a plein d’anecdotes… Pas un week-end ou l’on n’entend pas une musique d’accordéeon ou mon pote Valmy qui joue de l’orgue de Barbarie, avec les gens qui dansent sur le trottoir. Je suis tombée amoureuse de Montmartre pour toujours.

Cover-Meme-goes-to-Hollywood3 – Après Les Vacances d’un serial killer, La Petite fêlée aux allumettes et La Vieille qui voulait tuer le bon Dieu (tous parus chez Belfond et Pocket), tu sors de nouvelles aventures de l’infatigable fan de JCVD, Mémé goes to Hollywood. Peux-tu nous donner trois bonnes raisons de lire ce livre ? 

–  C’est un antidote à la morosité, les gens qui l’ont lu m’ont tous dit avoir eu de gros fous-rires,

– Il raconte une histoire et ne tourne pas autour de mon nombril,

– Au-delà de tout ça, il y a aussi une autre lecture, plus profonde. Une sorte de satire de la société.

4 – Dirais-tu que tu es un auteur essentiellement belge, ou la vie parisienne t’aurait-elle contaminée ?

Je me sens très belge dans les tripes, depuis toujours. Arno et Brel sont posés sur mes épaules et Magritte et Spilliaert dessinent mes paysages. J’adore aussi Saule, Sttellla, Bucquoy, Noël Godin et toute cette bande de joyeux agitateurs… Je n’ai jamais pris la nationalité française et je suis toujours domiciliée en Belgique où je vis en grande partie, mais je suis raide dingue de Montmartre que je ne quitterai jamais.

5 – Tu es également réalisatrice de films, comme Madame Edouard et Un Noël de chien. Le suivant est-il en route, et si oui où nous emmènera-t-il ?

Madame EdouardLe cinéma est un très très long chemin semé d’embûches et de loups garous… mais j’avance et je suis très tenace. Le reste est une question de chance. Faut rencontrer les bonnes personnes. J’ai plusieurs projets en cours, mais je préfère ne pas en parler tant que rien n’est tourné.

6 – Tu es un auteur prolifique depuis un nombre incaculable d’années. Comment fais-tu pour renouveler/alimenter ton inspiration depuis tout ce temps et au fil de périodes d’écritures pour le moins différentes ? J’imagine que chacune correspond à différentes périodes de ta vie ?

J’ai toujours été une boulimique de l’écriture. C’est ce qui m’équilibre. Les courtes périodes où je n’écris pas, je me pose des questions existentielles et je deviens chiante pour mon entourage. Donc, je remonte à cheval direct.

Oui, ça correspond à des périodes de ma vie mais pas que ça. Je dirais que ça reflète les différentes personnalités qu’il y a en moi, mais qui tournent autour d’un univers proche. Un peu schizo, la nana hein ?

Cover Contes pour petites filles criminelles7 – Quand je t’ai connue – il y a quelques années dans une école d’écriture dont nous avons été virées toutes les deux pour différentes raisons – tu étais l’auteur de délicieux contes érotiques pour petites filles libertines, perverses ou criminelles, ou encore du merveilleux Les Miroirs secrets de Bruges (épuisé), d’une veine plus fantastique. Passer “à autre chose” ensuite, dont les aventures du commissaire Léon, le flic qui tricote, est-il une évolution inévitable dans une vie d’écrivain ? Ou c’est une évolution inévitable dans la vie quelque peu mouvementée de Nadine Monfils ?

J’ai pas été virée, j’me suis cassée…

J’ai toujours ce côté petite fille perverse, mais il  est devenu pire avec le temps. Sans doute à cause de mes histoires d’amour les plus foireuses. J’en ai vécu des magnifiques et des pourries, comme tout le monde j’imagine. Quelqu’un a dit « il n’y a pas de vies inintéressantes, le tout est de savoir bien les raconter… » C’est très vrai.

8 – Romans, nouvelles, polars, cinéma, rien ne t’arrête, et je sais que tu as également écrit pour le théâtre. Est-ce que ces différentes formes d’expressions jouent chacune avec différentes facettes de ta personnalité ?

Je déteste la monotonie, tant dans le couple que dans l’écriture. Pour moi, l’écriture est un arbre. Il y les racines dans lesquelles on puise une partie de sa source, le tronc qui est le style, la grammaire, et les différentes branches qui regardent le ciel. Ecrire des pièces de théâtre, des romans, des scénarios ou de la BD, ce sont mes branches mais elles partent toutes du même tronc. C’est ce qui me permet cet équilibre dans la folie : les pieds sur terre et la tête dans les étoiles.

9 – Tu travailles comment, dans ta loge de concierge (oui, c’est là qu’habite Nadine) ? Méditation transcendentale et tisanes à la vodka, carnets de notes puisUnknown-1 ordinateur, tournée des bistrots puis enfermement monacal ?

Je ne me la joue pas écrivain on the rocks… J’écris n’importe où. Mais le mieux est quand même à Montmartre. Ma « loge de concierge » est décorée dans le style des roulottes de saltimbanques et des bordels des années 1900, pleine de couleurs et de loupiottes, avec vue sur jardin.

Le seul indispensable est mon chien Léon qui se cache sous mes jupes.

Puis y a mon mec, son regard est important pour moi car il n’est pas du tout condescendant.

10 – Comment arrives-tu à mener tous ces projets de front ? Serais-tu une grande bosseuse ?

Une bosseuse avec un hamac dans la tête…

Cover Les vacances d'un serial killer11 – Tu sembles “vivre en écriture” depuis toujours. Serait-ce ton ballon d’oxygène ? (et ne me réponds pas que tu préfères un ballon de rouge stp !) ?

Oui, ce sont mes bulles de savon… ( ça te va ça ? Sinon je les fais péter ! )

12 – Je suis sûre que tu as des tas de projets au fond de tes chaussettes, et même ailleurs ; pourrais-tu nous en dire quelques mots ?

Là, Belfond (voir note en fin d’article) va sortir vers la fin de l’année un roman plus littéraire, Le Rêve d’un fou – rien à voir avec Mémé Cornemuse – c’est une fiction autour du facteur Cheval, personnage fabuleux qui avait construit un palais incroyable, tout seul avec ses petites mains et des tas de cailloux qu’il ramassait en brouette, à Hauterives dans la Drôme. Puis j’attaque un nouveau Cornemuse. Et je viens d’écrire une nouvelle pièce de théâtre, Du Carnage dans les paillettes, l’histoire d’un couple qui s’ennuie et donne des spectacles de travelos dans son immeuble. Débarque un nain qui prétend être le sosie de Johnny Halliday. Un seul spectateur, un aveugle qui est là pour frapper les trois coups avec sa canne…

Monsieur-Emile-couv13 – Aurais-tu quelques conseils judicieux (si possible) à donner à de jeunes auteurs qui souhaiteraient se lancer (éventuellement à corps perdu) dans le polar ? Ou leur conseillerais-tu un autre genre ?

Y a pas de conseils à donner, si ce n’est qu’il faut suivre ses envies et savoir ce pour quoi on est fait. Faut pas se tromper, sinon on perd du temps et on en fait perdre aux autres. C’est pas parce qu’on aime écrire qu’on est doué pour… Le travail n’est pas tout !

Quoi qu’il en soit, autant faire des choses qui nous éclatent ! »

*

Quant à moi, je vous retrouve assez vite avec un article sur les liseuses, une interview de Dominique Costermans, nouvelliste, une de Corinne Hoex, romancière et poétesse, et enfin une Nicolas Chieusse, éditeur d’élements de langage, qui fête sa première année d’existence à Bruxelles.

*

Depuis cette interview, Nadine est aujourd’hui (en 2016) publiée au Fleuve noir, où je vous recommande la lecture passablement déjantée et truculente de son dernier opus, que je trouve être un de ses meilleurs ! Son Rêve d’un fou y sera publié ensuite (et non plus chez Belford comme annoncé plus haut).

5173ND-2GcL._AC_AA160_Voici ce que je disais sur Elvis Cadillac sur Facebook début mars :

Festive soirée hier à l’hôtel de ville de Bruxelles pour célébrer la sortie du (fabuleux) livre de Nadine Monfils (barré, imaginatif, gouailleur et poétique) que j’ai dévoré quasiment d’une traite !
Où d’autre rencontrer dans le désordre une (adorable) écrivaine et une bien sympathique éditrice, un bourgmestre (maire), un blogueur littéraire (Willy Lefèvre), un sosie d’Elvis et un autre de Johnny, des personnalités de la radio et de la télévision, ainsi qu’un entarteur que l’on ne présente plus ?!?
Bonus personnel inattendu : il semble que je m’achemine vers la carrière d’impresario du sosie d’Elvis, à qui j’ai décroché son premier concert à Bruxelles ! A suivre ! 

 

 

 

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2 Commentaires

  1. Pas sûr, elle n’est pas anglophone et je doute que Giles (que j’adore) soit connu hors du monde anglo-saxon ?

  2. Merci Edith de nous faire connaître cette auteure aux talents variés.
    Vu sa sympathie pour les « pétées genre Carmen Cru » (que j’adore), je pense qu’elle connaît « Grandma Giles », personnage inoubliable du dessinateur anglais GILES ??